Wednesday, June 6, 2007

Le mot interdit



Au Québec à tout le moins, le mot privatisation est synonyme de bafouement de nos droits de citoyens, soumission à la tyrannie capitaliste, prise en otage de la population, et autres expressions novlanguaises qui font vendre des journaux.

Un vent de changement soufflrait-il sur la belle province, alors que Claude Garcia, dans un texte d'opinion publié dans la Presse, propose de privatiser Hydro-Québec dans le but d'éliminer la dette?

M. Garcia apporte une argumentation convainquante, même pour le lecteur peu enclin aux idées de libre-marché. Pour résumer ses principaux points :

  • La privatisation de l'Hydro entraînerait les prix au niveau du marché, soit environ 4 cents de plus du kw/h que le prix actuellement payé par les Québécois;
  • En fonction de ces prix, la capitalisation boursière de la société serait supérieure à la dette du Québec;
  • L'élimination de la dette. au net de la perte des revenus d'Hydro-Québec, ferait économiser plus de 5 milliards au gouvernement par an, de quoi permettre une baisse des impôts de 33% (!).

Le principal obstacle de ce plan est que pour les 40% et plus de Québécois qui ne paient aucun impôt parce que trop pauvres, une hausse du tarif d'électricité à court terme ne servira qu'à les appauvrir. Essayez-donc de leur dire qu'ils s'enrichiront au fil des années grâce à une économie plus productive dans un environnement moins taxé.

La décision de privatiser Hydro-Québec, tout comme toute autre société d'État, en serait sans aucun doute une excellente à moyen et à long terme. Des services de meilleure qualité, la fin du gaspillage, une vraie compétition avec les autres sources d'énergie comme le gaz naturel, une véritable innovation ne seraient que quelques-uns des nombreux avantages d'un tel geste.

Bravo M. Garcia pour avoir eu le courage d'exprimer une opinion presque hérétique dans cette société québécoise. Si d'autres font de même, peut-être un jour un gouvernement audacieux prendra-t-il le risque de prononcer le mot interdit et de laisser le marché faire son travail.

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